Pour Plotin le rôle de la philosophie est la libération de l’âme des éléments matériels inférieurs, afin qu’elle s’élève au degré supérieur, de corporel à l’incorporel, de la chose ou de l’objet au sujet, de « pour emploi » à l’utilisateur[1]. Comme il décrit lui-même à la première Ennéade, il existe à nous une partie invulnérable (άπληκτο) de l’intelligence, qui n’est pas influencée par les impressions de sens. C’est l’intelligence intérieure la plus élevée à nous qui reste également impeccable (αναμάρτητος)[2], qui ne dort pas mais qui est pure et vigilante. Il accomplit cela en retournant vers l’Un[3]. Ci-dessous au I.1.9.13-16 Plotin dit que l’âme reste paisible (ατρεμής) sans qu’elle soit influencée par le bruit que provoque à l’être vivant (ζώον) le contact avec la matière. La personne humaine constitue ainsi un problème, lorsque elle constitue une querelle centrale dans le monde. Nous n’avons pas de personne équilibrée et harmonieuse. La philosophie est un effort d’évasion de cette confrontation qui se trouve au cœur de l’homme. Le but est: «τό μέσον τάττειν πρός τα άνω», c’est-à-dire une amélioration de soi inférieur et son déplacement à un être supérieur et plus authentique[4]. En continuant la description de la marche qui est nécessaire qu’il devienne pour ce déplacement, des sentiments aux intellections, Plotin dit que de ces idées, que l’âme voit, proviendront les avis et les intellections. En entendant que nous conduisons notre être intérieur à une situation tout à fait abstraite et méditative. Ainsi l’âme est rendue souveraine de l’être vivant total. C’est le stade pour Plotin qui est l’espace véritable par excellence et où siège notre soi. En dépassant ainsi le léonin et le varié, qui constituent notre féroce partie, la personne humaine devient complète, lorsque grâce à l’âme logique, elle est conduite à l’endoscopie rationale[5]. Il existe donc toujours à nous une partie supérieure de l’âme qui tourne vers les intelligibles: «τό γάρ πάν αυτής ουκ αν θέμις καθελκύσαι». Donc un taux d’intériorité toujours existera[6]. Même la félicité suppose une situation intellectuelle[7]. Celle-ci consiste dans le dépassement de la nature et la conquête de la vie parfaite. La félicité signifie l’identification avec le soi véritable[8]. La félicité véritable ne peut pas se tourner vers les biens extérieurs, mais vers l’intérieur de l’âme et de l’intellection[9]. Les incidents fortuits ne doivent pas influencer la plénitude de la félicité intérieure du sage. La félicité consiste dans la vie intérieure[10]. Au niveau moral, comme il s’exprime au traité I.2 (De Vertus - Περί αρετών) le tour vers le soi présuppose une marche cathartique. Le but est l’ascension de l’âme à l’intelligible et ensuite au Bien. La purification de soi conduit, à travers la prise de conscience de l’existence des éléments et des forces non contrôlés (απροαίρετων) à nous, à la prédominance de la logique et de l’intellection. Conducteur de la purification de soi, ainsi que modèle stable, c’est le Divin, entendu en tant que réalité suprême.
[1] Ennéades, Ι.1.3.20-26
[2] J.Trouillard, «L’impeccabilité de l’esprit selon Plotin», Revue De L’Histoire des Religions 143, 1953, 19-29.
[3] Ennéades, Ι.1.9.12-23
[4] J.Trouillard, La purification plotinienne. Presses Universitaires de France, Paris 1955, 26-27 et G.J.P.O’Daly, Plotinus’ Philosophy of the Self, Irish University Press, Ireland, Shannon 1972, 46
[5]Ennéades, Ι.1.7.14-27
[6] Ibid., II.9.2.4-10
[7] Ibid., Ι.4.3.31-40
[8] R.Bodeus, «L’Autre Homme de Plotin», Phronesis 28,1983, 256-64
[9]Ennéades, Ι.4.11
[10] Ibid., Ι.4.11
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